Troisième /// LE CORBUSIER, La cité radieuse, 1945-1952, Marseille.///

Thématique : Les Sciences et l’Art peuvent-ils s’influencer mutuellement ?

LE CORBUSIER, La Cité radieuse, 1945-1952. Béton brut. L. 137 m x H. 56 m x P. 24 m, Marseille.

INTRODUCTION GÉNÉRALE SUR LA THÉMATIQUE

Arts et sciences semblent être des activités éloignées. L’Art s’intéresse à un idéal esthétique. Les sciences cherchent à connaître un domaine obéissant à des lois vérifiables par une méthode. Pourtant, ils ont un point commun : ce sont des créateurs, par leurs visions et leurs transformations du monde. À l’Antiquité, Arts et sciences sont fortement mêlées.


Au Moyen-Âge, les arts se scindent en deux :
- Les arts intellectuels, dits libéraux : la rhétorique, la grammaire, la dialectique, l’arithmétique, la géométrie, l’astronomie et la musique.
- Les arts mécaniques : la peinture, la sculpture, l’architecture, l’orfèvrerie… C’est l’artisanat, considéré comme des artisans.

À la Renaissance, cette classification disparaît, grâce notamment aux génies de la Renaissance qui mêlent arts et sciences comme Léonard de Vinci. Le grand génie intellectualise sa peinture en disant qu’elle est une chose intellectuelle, «una cosa mentale». La peinture va être ensuite théorisée par un peintre italien Alberti qui écrit le premier traité de perspective, avec De Pictura, 1430. Cela permet aux peintres de représenter le monde visible avec plus de précisions, grâce à la géométrie. Le nombre d’or participe à tisser des liens entre arts et calcul mathématique.

Dès cette époque, les artisans deviennent artistes et signent leurs œuvres. À la même époque, les sciences gagnent en autonomie avec l’apparition d’un raisonnement scientifique et de nouvelles méthodes.

Les passerelles et les liens entre arts et sciences sont nombreux et forts, comme en témoigne les artistes qui utilisent les avancées technologiques, et les scientifiques qui explorent des voies entrouvertes par les expériences artistiques.

LE POINT SUR LE NOMBRE D’OR

Appelé également « Divine proportion », le nombre d’or est censé permettre la construction de formes harmonieuses. Découvert dès l’Antiquité, il renaît à la Renaissance, par le moine et mathématicien Luca Pacioli, qui explique dans un traité que cette proportion est divine, car unique, invariable et secrète. La « divine proportion » apparaît dans la construction de plusieurs tableaux : La Naissance de Vénus (vers 1485) de Botticelli, La Joconde (1503-1506) de Léonard de Vinci. Contrairement aux idées reçues, les artistes de la Renaissance n’utilisaient pas systématiquement le nombre d’or pour composer leurs peintures.

C’est uniquement au XIXème siècle et au XXème siècle, que des artistes revendiquent l’emploi du nombre d’or, la « divine proportion » comme l’architecte Le Corbusier.

QU'EST-CE QUE LE NOMBRE D'OR ?

Dans l’Antiquité, le mathématicien grec Euclide définit géométriquement le nombre d’or comme suit : « Une droite dite coupée en extrême et moyenne raison lorsque la droite entière est au grand segment ce que le grand segment est au petit. » Autrement dit : si a et b sont les segments de la droite, nous devons avoir (a+b) /a = a/b. Soit, après résolution, a/b = (√5+1)/2 = 1,618...

Cette valeur est appelée le nombre d’or. Les rectangles d’or, de longueur a+b et de largeur a, sont censés être harmonieux.

INTRODUCTION DE L’ŒUVRE

En 1945, la France connaît une grave pénurie de logements, suite aux bombardements de la 2ème Guerre mondiale (1939-1945). L’État charge l’architecte Le Corbusier de la construction à Marseille de la « Cité radieuse ». Ce logement collectif appelé une unité d’habitation s’élève sur 17 étages pour regrouper 337 logements pouvant accueillir 1500 personnes. La construction s’achève en 1952. L’architecte met en application ses idées, les 5 points de l’architecture moderne et sa conception d’habiter la ville. Cet immeuble-barre rassemble en un seul lieu : habitations, école, gymnase, bassin, commerce, hôtel, boulangerie…

Le Corbusier y met en place le Modulor, qui lie l’art d’habiter et la géométrie.

Vues sur le toit-terrasse.

ANALYSE DE L'ARCHITECTURE DE LA CITÉ RADIEUSE (1945-1952)

L’architecte

De son véritable nom, Charles-Édouard Jeanneret, il élabore dès les années 1920 une réflexion sur l’organisation de la ville. Il est le représentant de l’architecture moderne, qui utilise les nouveaux procédés de construction et surtout le béton armé et brut. Il propose des bouleversements radicaux : faciliter la circulation par de grandes avenues, construire des immeubles verticaux au milieu de parcs et recourir à des matériaux modernes : béton, verre, acier.

Face Nord, vue sur les piliers.

Une technique de pointe de construction : le béton précontraint

Les architectes modernes utilisent le béton pour construire rapidement et pour réduire les coûts. Ils aiment révéler les qualités esthétiques du béton tant pour sa forme que pour sa surface en le laissant brut. Pour la cité radieuse, Le Corbusier utilise le béton précontraint, qui a une très forte résistance et permet des constructions monumentales. Il l’utilise pour les pilotis et la structure interne des poteaux. Ce sont les pilotis qui portent le bâtiment, et non plus la façade.

Façade Sud, vue sur les piliers.

Le bâtiment

Libérée de la contrainte de porter le bâtiment, la façade laisse la place à de larges baies vitrées, (fenêtre-bandeau), sur des appartements baignés de lumière. Chaque appartement est en duplex ayant sa propre loggia. Les balustrades en béton des balcons sont perforées d’ouvertures, nommées « brise soleil ».
La façade est structurée comme un grand parallélépipède, qui en contient une multitude. Chaque loggia est séparé d’un mur peint avec les trois couleurs primaires : rouge, bleu, jaune. Aucune courbe est présente sur la façade, mais uniquement présente sur le toit terrasse.

Façade Sud. Vue sur les loggias, fenêtres-bandeaux et brises soleil.

L’intérieur
Les appartements en duplex sont inversés et desservis par une rue intérieure.

Arts et sciences : Le Modulor de Le Corbusier, l’art de construire selon des proportions précises.

Le Corbusier était en permanence en quête de l'harmonie au service de l'homme : organiser de manière complémentaire la vie individuelle et collective, créer de la continuité entre la ville et la campagne, composer entre l'espace, la lumière et les couleurs, relation entre les formes et les proportions.

Conformément à cet état d'esprit, Le Corbusier a mis au point une gamme de mesures harmoniques à l'échelle humaine : le Modulor. Le Modulor est l’abréviation des termes « module » et « or », en référence au nombre d’or. L’architecte s’explique : « Le Modulor est un outil de mesure issu de la stature humaine et de la mathématique. Un homme, le bras levé, fournit, aux points déterminants de l’occupation de l’espace – le pied, le plexus solaire, la tête, l’extrémité des doigts, le bras étant levé -, trois intervalles qui engendrent une série de Section d’Or. ». Il utilise deux séries. Sur le schéma, l’une matérialisée en bleue basée sur la hauteur d’un homme debout, le bras levé soit 2,26 m. L’autre série en rouge basée sur la hauteur de l’homme mesuré au sommet de la tête soit 1,83 m.

Comme la " divine proportion " l'a fait pour les grandes œuvres du passé, cette règle "universelle" détermine les bonnes proportions à respecter dans la composition de tous les éléments constitutifs d’une architecture et de sa conception intérieure comme : les tables, la hauteur des meubles, la hauteur du plan de travail… Pour la cité radieuse, Le Corbusier a conçu tous les meubles intérieurs, qui sont intégrés à l’appartement pour la cuisine, la salle de bain, les placards des chambres.

Le Corbusier pense ainsi faire régner un ordre rigoureux, garant de qualité, de rationalité, de cohérence, d'économie et de justesse.

Art de l’architecture et sciences se rejoignent, pour penser l’espace avec une rigueur mathématique et géométrique. Les sciences construisent et mesurent l’espace de vie de l’homme.

Pour l’architecte, ces bâtiments permettaient d’être mieux adaptés à l’usage des hommes. Il a été un anticipateur, car aujourd’hui tout appartement ou maison détient sa propre cuisine intégrée.

« Le Modulor est un outil de travail pour ceux qui créent (qui composent –projeteurs ou designers), et non pas pour ceux qui exécutent (maçons, charpentiers, mécaniciens, etc.) ». Le Modulor est appliqué pour la première fois pour la réalisation de la cité radieuse, à Marseille.

CONCLUSION

Travail à faire et à rendre sur une feuille à carreaux.

En 10 lignes, rédigez une conclusion en précisant :
Ce que l’architecte a voulu exprimer
L’intérêt architectural de l’édifice
Sa portée historique
Vos impressions personnelles.

Vous pouvez télécharger le cours ici, au format PDF.